Ce village médiéval du Gers a servi de décor à plusieurs films (et personne ne le sait)
Niché au cœur du sud-ouest français, Montréal-du-Gers cache un secret bien gardé. Ses ruelles pavées et ses maisons à colombages ont accueilli caméras et équipes de tournage à de nombreuses reprises, sans que cette notoriété cinématographique n’atteigne réellement le grand public. Cette bastide gasconne, avec son architecture préservée et son atmosphère authentique, constitue un décor naturel que les réalisateurs s’arrachent pour leurs productions historiques. Découvrons ensemble ce joyau médiéval qui, loin des projecteurs touristiques habituels, s’est discrètement taillé une place dans l’industrie du septième art.
Une bastide du XIIIe siècle aux allures de plateau de cinéma
Sur un promontoire rocheux dominant majestueusement la vallée de l’Auzoue, Montréal-du-Gers déploie ses charmes depuis 1255. Cette bastide médiévale, fondée sous l’impulsion d’Alphonse de Poitiers, conserve remarquablement l’organisation typique des villes nouvelles gasconnes. Son plan quadrillé s’articule autour d’une place centrale bordée d’arcades, la place à cornières, véritable cœur battant du village.
Les façades à colombages, les passages voûtés et les venelles étroites transportent instantanément les visiteurs – et les spectateurs – dans un autre temps. L’authenticité préservée des lieux explique pourquoi tant de réalisateurs tombent sous le charme de ce décor naturel, où chaque pierre raconte une histoire vieille de plus de sept siècles.
Des productions cinématographiques sous le soleil gascon
Parmi les ruelles de cette cité médiévale ont déambulé acteurs et techniciens de renom. Le village a notamment servi d’écrin au film « Le Pacte des loups » de Christophe Gans, thriller historique qui exploitait parfaitement l’atmosphère mystérieuse des lieux. Les arcades de la place centrale ont également accueilli plusieurs scènes du téléfilm « Les Trois Mousquetaires », adaptation fidèle du roman d’Alexandre Dumas où l’architecture gasconne apportait une crédibilité historique indéniable.
Plus récemment, c’est la série « Labyrinthe », adaptation du roman de Kate Mosse, qui a posé ses caméras dans les ruelles pavées de Montréal-du-Gers. La lumière dorée du sud-ouest français, les perspectives médiévales et l’absence d’éléments modernes visibles font du village un lieu privilégié pour les productions d’époque souhaitant éviter les coûteux décors reconstitués en studio.
Un patrimoine architectural remarquablement préservé
L’église Saint-Philippe-et-Saint-Jacques domine la silhouette du village avec son clocher octogonal caractéristique. Construite au XIIIe siècle puis remaniée au XVe, elle témoigne de l’importance historique de la bastide. Autour d’elle s’organisent des demeures patriciennes aux façades ornées, dont certaines datent du XIVe siècle. Les remparts, partiellement conservés, racontent les heures troublées de la Guerre de Cent Ans où la position stratégique du village en faisait un enjeu militaire de premier ordre.
Cette conservation exceptionnelle lui a valu le label « Plus Beaux Villages de France », distinction qui couronne un ensemble urbain médiéval cohérent et authentique. La mairie a d’ailleurs mis en place une politique stricte de préservation, limitant les modifications visibles et maintenant ainsi l’attrait cinématographique des lieux.
La gastronomie et les traditions locales sublimées à l’écran
Les producteurs ne choisissent pas Montréal-du-Gers uniquement pour son cadre architectural. La richesse gastronomique et viticole locale apparaît souvent dans les productions tournées ici. Les vignobles environnants, producteurs d’Armagnac et de Floc de Gascogne, ont servi de toile de fond à plusieurs documentaires sur les traditions françaises.
La cuisine gasconne, généreuse et authentique, trouve régulièrement sa place dans les scènes de banquets médiévaux ou de repas traditionnels. Lors des tournages, les équipes techniques collaborent étroitement avec les artisans locaux, bouchers, boulangers et vignerons, qui perpétuent des savoir-faire ancestraux. Cette immersion dans les traditions gasconnes permet d’apporter une dimension sensorielle supplémentaire aux œuvres filmées à Montréal-du-Gers.
Un tourisme cinématographique encore confidentiel
Contrairement à d’autres sites rendus célèbres par le cinéma, Montréal-du-Gers cultive une discrétion qui fait son charme. L’office de tourisme propose depuis peu un circuit « Cinéma et Patrimoine » permettant aux visiteurs de découvrir les lieux de tournage emblématiques. Des panneaux explicatifs discrets, installés à des endroits stratégiques, révèlent quelles scènes ont été filmées à tel ou tel endroit du village.
Cette initiative vise à développer un tourisme culturel respectueux, sans dénaturer l’authenticité des lieux. Les habitants, fiers de cette notoriété discrète, partagent volontiers anecdotes et souvenirs des tournages avec les visiteurs curieux. Le village maintient ainsi un équilibre délicat entre préservation de son âme médiévale et valorisation de son patrimoine cinématographique.
Au détour d’une ruelle pavée ou sous les arcades de la place centrale, le promeneur attentif reconnaîtra peut-être un décor aperçu dans un film. Montréal-du-Gers continue ainsi de faire vibrer l’imaginaire, tant sur grand écran que dans la réalité, prouvant que les plus beaux plateaux de cinéma sont parfois ceux que la nature et l’histoire ont façonnés au fil des siècles.